Le Rif est en ébullition. La fin d’un tabou se joue dans la région montagneuse la plus rebelle du Maroc. Le roi a légalisé la culture du cannabis thérapeutique, cosmétique et industriel en dotant le pays d’une agence nationale de régulation.
Une première dans l’histoire du pays : ministres, industriels et laboratoires pharmaceutiques défilent dans le grenier à cannabis. Un peu comme si la corruption, la méfiance réciproque et le passé sulfureux du Rif venaient miraculeusement de s’effacer.
Considéré comme le plus grand producteur au monde de résine de cannabis, le Maroc a toujours affiché une politique de répression sévère du trafic de haschich.
Aujourd’hui, la volonté du roi est de banaliser la culture du cannabis en encadrant sa production, pour en faire une filière agricole parmi d’autres. Le but est de « reconvertir les cultures illicites destructrices de l’environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d’emploi », selon le projet de loi diffusé par les autorités. A la clé : une manne financière colossale. Le royaume chérifien entend bien se positionner sur un marché mondial en pleine croissance qui représente plus de 30% par an, entraîné dans le sillage d’une progression de 60% au niveau européen.
Attirés par l’or vert du Maroc, de nombreux industriels ne cachent pas leurs ambitions, suscitant l’inquiétude des producteurs de cannabis. Rencontre avec ces agriculteurs qui vivent en marge depuis des décennies et qui craignent un destin à la botte des groupes pharmaceutiques.
Reportage de Maud Ninauve et Lizzie Treu (France, 2022)
Disponible jusqu’au 18/09/2025
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